Les rétinites pigmentairessont un ensemble de maladies
génétiques de l'œil. Le nom de retinitis pigmentosa aurait été proposé en 1855
par le Néerlandais Franz Donders.
Cet ensemble est génétiquement hétérogène impliquant les
photorécepteurs (cônes et bâtonnet) et l'épithélium pigmentaire. Elles se
manifestent d'abord par une perte de la vision nocturne suivie d'un
rétrécissement du champ visuel.
La perte de la vision
centrale est tardive. Elle est provoquée par une mutation génétique dans les
cellules de la rétine : les bâtonnets. Quand les cônes, d'autres cellules de la
rétine, suivent la même évolution, c'est la cécité.
La rétinite pigmentaire peut être divisée en rétinite
pigmentaire non syndromique, syndromique ou systémique atteignant d'autres
organes. Cet article ne traite que des rétinites pigmentaires non syndromiques.
Incidence & prévalence
1 personne atteinte sur 5000. C'est la cause la plus
fréquente de cécité chez la personne d'âge intermédiaire dans les pays
développés.
Description
Dans 30% des cas, la rétinite est associée à des lésions
d'autres organes formant une trentaine de syndromes. Le plus fréquent est le
syndrome d'Usher associant une surdité. Le syndrome de Bardet-Biedl et la
maladie de Refsum sont des syndromes plus rares.
Diagnostic
L'atteinte oculaire survient à des âges variables mais
débute généralement tôt (10 à 20 ans) par une diminution de la vision nocturne
(lésions préférentielles des bâtonnets, cellules du fond d'œil plus adaptées à
la pénombre), appelée héméralopie.
De plus, le patient souffre également de photophobie (due à
la détérioration de l'épithélium pigmentaire). Dans un second temps, le champ
visuel se rétrécit pouvant aboutir à une vision « en tunnel ».
Les difficultés majeures (déplacements, lecture, incapacité
à la conduite...) surviennent généralement à la trentaine. La cécité arrive
avec la destruction des cônes souvent vers les 40 ans. L'atteinte est
typiquement bilatérale, symétrique et diffuse.
Le diagnostic se fait donc essentiellement par l'analyse du
champ visuel retrouvant des scotomes périphériques (« trous » dans le champ de
vision non central). Suivant le syndrome, peuvent y être associés un trouble de
la vision des couleurs, un trouble de la réfraction.
L'ophtalmoscope peut détecter une cataracte, typiquement
sous-capsulaire, dans la moitié des cas. Le fond d'œil montre une
hyperpigmentation de la périphérie de la rétine, témoin de la mort cellulaire.
Un amincissement des
vaisseaux rétiniens est aussi observé et dans les stades avancés, le nerf
optique présente une pâleur anormale.
L'électrorétinogramme permettrait un dépistage de la maladie
avant que cette dernière se manifeste, mais présente très peu d'intérêt dans
les stades évolués.
Traitement & prise en charge
Maladie génétique, elle est jusqu'à aujourd'hui incurable.
Des essais encourageants ont été réalisés en 1998 par l'équipe du Pr José-Alain
Sahel de l'université de Strasbourg. Chez la souris, des bâtonnets d'individus
sains ont été isolés et transplantés chez des individus atteints d'une forme de
rétinite pigmentaire.
Les bâtonnets greffés sécrètent une substance qui protège
les cônes de la destruction. Cette technique devrait être applicable à l'homme.
Une supplémentation en vitamine A pourrait freiner l'évolution
de la maladie. De même, un régime enrichi en Oméga-3 retarderait l'apparition
de la cécité.
Certains syndromes (rares) ont également un traitement
spécifique efficace : un régime pauvre en acide phytanique, peut stopper l'évolution
de la maladie de Refsum.
De plus, une nouvelle voie de recherche s'oriente vers
l'implantation de rétine artificielle, sous forme de matrice d'électrodes.