L’œil humain peut être comparé à un appareil photographique. Schématiquement :
* l’objectif correspond au cristallin ;
* le film photographique correspond à la rétine.
* La cataracte est une opacification du cristallin qui réduit progressivement la vision.
D’où vient la cataracte ?
La grande majorité des cataractes sont dues à l’âge. Le cristallin vieillit mal et s’opacifie avec le temps.
Suite à l’augmentation de l’espérance de vie, une grande partie de la population sera un jour ou l’autre atteint de cataracte.
Parmi les autres causes de cataracte, citons la cataracte congénitale (présente à la naissance), la cataracte traumatique (due à un choc sur l’œil), et la cataracte médicamenteuse (liée à la prise de cortisone par exemple).
Certaines maladies comme le diabète peuvent accélérer l’apparition de la cataracte.
Quels sont les symptômes de la cataracte ?
Le plus souvent, la plainte principale est la baisse de l’acuité visuelle.
D’autres symptômes sont souvent associés : éblouissements importants la nuit, perception de halos ou d’étoiles autour des sources de lumière), altération de la vision des couleurs.
Dans des cas très avancé, la cataracte peut rendre aveugle. Il s’agit de la première cause de cécité dans le monde de par l’impossibilité de se faire opérer dans de nombreux pays en voie de développement.
Quel est le traitement ?
* Médicaments :
Il n’existe aucun médicament pouvant prévenir l’arrivée d’une cataracte ou ralentir son évolution.
Il y a une vingtaine d’années, de nombreux ophtalmologues prescrivaient des collyres à base de vitamines dans l’espoir de ralentir l’évolution de la cataracte car la chirurgie était une intervention risquée aux résultats aléatoires. Aujourd’hui, cette pratique a pratiquement disparu.
En effet, l’efficacité de ce type de gouttes n’a jamais été prouvée et les techniques opératoires ont fortement évolué, garantissant d’excellents résultats.
* La chirurgie :
La technique la plus récente est la phacoémulsification de cristallin :
Le cristallin est réduit en petits morceaux à l’intérieur de l’œil et ensuite aspiré à travers une incision de 3 mm. U
ne lentille pliable (un cristallin artificiel) est ensuite injecté dans l’œil par la même incision et remplace le cristallin naturel. L’incision est tellement petite qu’elle ne nécessite généralement pas de suture.
Beaucoup de patients croient que cette intervention est réalisée au laser. Ce sont en réalité des ultrasons qui sont utilisée pour détruire le cristallin.
Les autres techniques sont la chirurgie extra capsulaire et intracapsulaire du cristallin :
Dans les deux cas, le cristallin est retiré sans avoir été réduit en petits morceaux, ce qui nécessite une incision trois fois plus grande et la mise en place de plusieurs points de suture.
Ces techniques ne sont pratiquement plus employées chez nous (sauf dans des cas particuliers).
L’anesthésie :
L’anesthésie est le plus souvent topique (gouttes anesthésiques) ou topique assistée (gouttes anesthésiques et injection d’un produit en intraveineux qui décontracte le patient sans l’endormir).
Certains chirurgiens préfèrent faire une piqûre autour de l’œil, cette pratique est de plus en plus rare. L’anesthésie générale est de plus en plus rare.
L’hospitalisation :
Les patients ne sont généralement hospitalisés que quelques heures (hôpital de jour).
Quand doit t’on se faire opérer ?
L’opération doit être prévue au moment où elle dérange le patient dans son quotidien. Vision de loin trop floue, difficultés à la conduite, … .
Ce critère est assez subjectif et peut varier d’une personne à l’autre. Il est communément admis de proposer une opération de la cataracte lorsque la vision baisse autour de 5/10ème.
Si certains patients insistent pour se faire opérer alors que la vision est meilleure, d’autres estiment ne pas être assez dérangés pour se faire opérer et préfèrent attendre.
Il est important de préciser quelques points :
* Il n’y a jamais d’urgence à se faire opérer. La « cataracte urgente » n’existe pas !
* Inversement, il n’est pas utile d’attendre que la cataracte soit « bien mûre ». Cette expression courante de la part des patients, ancrée dans de nombreux esprits, est un non sens.
En cas de cataracte extrêmement évoluée, l’intervention peut être plus compliquée, plus dangereuse voire nécessiter un recours aux anciennes techniques !
* Certains types de cataracte induisent des changements du défaut de l’œil (devenir myope par exemple). Dans ce cas, même si un changement de verres peut améliorer la vision, il est plus intéressant d’envisager une intervention.
En effet, le changement de défaut de l’œil n’est pas stable et les lunettes seront à remplacer très régulièrement.
Quels sont les examens préopératoires ?
Avant toute opération de cataracte, plusieurs examens doivent être réalisés :
1. Examen de l’acuité visuelle
2. Examen bio microscopique de l’œil : examen de la cornée, du cristallin et de la rétine
3. Biométrie préparatoire : mesure de la longueur de l’œil afin de déterminer la puissance de la lentille qui remplacera le cristallin.
4. Microscopie spéculaire : comptage des cellules de la cornée afin de s’assurer que la cornée est capable de supporter l’intervention.
5. Un examen préopératoire chez votre médecin généraliste ou, en cas de nécessité, chez un cardiologue.
Y a t’il des contre-indications opératoires ?
Il y a peu de contre-indications opératoires, il est toutefois important que votre ophtalmologue vérifie :
1. Que la cornée est capable de supporter l’intervention :
Dans certains cas, la cornée est trop fragile. Ceci ne veut pas dire que l’on ne pourra jamais opérer la cataracte mais que l’opération sera reportée le plus longtemps possible et qu’après l’opération, une greffe de cornée sera peut-être nécessaire.
2. Que la rétine est en bonne santé :
l’opération peut entraîner une augmentation de la dégénérescence maculaire chez les patients qui en sont atteints.
Ici encore, une opération n’est pas interdite mais sera décidée lorsque le médecin estimera que le rapport entre les risques et les bénéfices de l’opération penche en faveur de celle-ci.
Quels sont les résultats d’une telle opération ?
L’opération de la cataracte donne d’excellents résultats.
Elle dure habituellement entre dix minutes et un quart d’heure et le taux de complications est de moins de 1% lorsqu’elle est pratiquée par un chirurgien expérimenté.
Les mesures pratiquées avant l’opération permettent de choisir la lentille qui sera placée dans l’œil afin de supprimer, modifier ou réduire le défaut de l’œil :
En cas d’hypermétropie, l’implant sera choisi afin de donner une excellente vision de loin. Des lunettes seront encore nécessaires pour la vision de près
En cas de myopie faible (jusqu’à 4 dioptries), les patients ont l’habitude de voir de près sans lunettes.
Il leur sera demandé de faire un choix entre deux possibilités : soit une vision de loin sans lunettes et des lunettes pour la lecture, soit de maintenir une faible myopie après l’opération afin qu’ils puissent toujours lire sans lunettes.
Ils devront alors encore porter des verres pour voir de loin.
En cas de myopie forte, on essaye généralement de supprimer la myopie car le patient ne voit bien ni de loin ni de près avant l’opération.
Enfin, de nouveaux implants multifocaux permettent de supprimer le défaut de loin et de près : ils corrigent la myopie ou l’hypermétropie mais également la presbytie, rendant le patient totalement indépendant d’une correction optique.
Quand la cataracte recommence …
Dans les premières années qui suivent l’opération, les symptômes de la cataracte peuvent réapparaître (baisse de la vue, flou visuel, éblouissements, …) : c’est la cataracte secondaire.
En fait, le cristallin est emballé dans une capsule. Lors de l’opération, la capsule est vidée de son contenu mais reste en place, la lentille artificielle est placée dans cette capsule.
Même si le chirurgien ophtalmologue nettoie la capsule avec le plus grand soin, quelques cellules échappent toujours au nettoyage. Ces cellules se multiplient et sont responsables de l’opacification de la capsule du cristallin avec le temps.
Aucune opération n’est nécessaire pour traiter la cataracte secondaire : le traitement est indolore, il est réalisé en quelques secondes à l’aide d’un laser YAG, c’est la capsulotomie. Dans les heures qui suivent, le patient retrouve la vision qu’il avait juste après l’opération.
Nouvelles techniques
L’évolution des techniques de chirurgie de la cataracte ne vont pas dans le sens d’une chirurgie au laser (ou en tout cas pas pour l’instant).
Les ultrasons seront toujours utilisés mais des incisions encore plus petites peuvent être réalisées.
L’innovation la plus importante en 2005 est l’implant intraoculaire Restor de la Société Alcon.
Depuis plusieurs années, les firmes pharmaceutiques développent des implants dans le but de corriger la presbytie.
Les implants qui ont été mis à disposition des ophtalmologues donnaient des résultats aléatoires à l’exception du dernier : l’implant Acrysof Restor.
Celui-ci « restore » la vision de loin chez tous les patients et la vision de près chez plus de 90% d’entre-eux ! Il est toutefois fort coûteux : 800 Euros par œil non remboursés par la mutuelle.
Conclusion
La cataracte est une maladie courante pour laquelle il existe une solution chirurgicale efficace avec d’excellents résultats.
Cette chirurgie s’est fortement développée au cours des dernières années et est devenue un acte médical relativement banal pour lequel il n’y a pas de raison de s’inquiéter outre mesure.
Il est toutefois important d’avoir à l’esprit que comme pour tout acte chirurgical, des complications (même si elles sont très rares) des plus bénignes aux plus graves peuvent survenir.